Saturday, February 12, 2011

La mythologie des plantes

La mythologie des plantes ou
¬les legendes du regne vegetal
¬par
¬Angelo de Gubernatis
¬Auteur de la « Mythologie zoologique »
Professeur de sanskrit et de mythologie comparée à l'Institut des Études supérieures ¬à Florence.
¬tome second
¬Paris
1882

¬seconde partie
¬Botanique spéciale
¬Abricotier. — On semble avoir attribué à l’abricot une sorte de vertu prophétique. Dans les Apomasaris Apotelesmata (Francfort, 1577, 265), je trouve le récit qui suit :
« Quidam, convento Sereimo pluribus praesentibus , eum verbis hisce consuluit. Visus sum in somnio, arbore conscensa, quam bericociam vocant, de fructu illius comedisse. Respondit Sereimus, inventurum a quodam prosperitatem ac beneficentiam viri boni et opulenti experturum. Pluribus diebus interiectis accessit alius quidam ; et iisdem praesentibus Sereimum de eadem re consuluit : Quum diceret se per quietem arbore conscensa, quae bericocia vocetur, visum fructum illius vesci. Ad illa Sereimus : Adflictionem, ait, et tormenta invenies. Qui adsidebant ancipites haerere, cur eiusdem visi diversam interpretationem protulisset. Itaque Sereimus : Consuluit me prior, inquit, eo tempore quo fructus ille maturus in arboribus erat ; hic autem, autumni tempore, quam ob caussam, interpretatio quoque diversa facta est. Quum rem in utroque diligenter explorassent , id accidere depraehenderunt , quod futurum somniator praedixerat. »

327
Dans le roman hindoustani Gul o Sanaubar (Rose et Cyprès traduit par Garcin de Tassy), pour obtenir la main de la princesse, il faut savoir répondre à cette question : « Qu'a fait Gul (Rose) à Sanaubar (cyprès)? » Si l’on ne parvient pas à la résoudre, on perd la tête. Le jeune prince Almâs arrive dans la ville de Vâcâf, au Caucase, pour apprendre le grand secret; on lui dit que Sanaubar est le nom du roi de ce pays, que Gul est le nom de sa femme, et que le roi a ordonné de faire mourir tout voyageur qui prononcera le nom de Gul et s'informera d'elle. Gul était une femme infidèle, fille du roi des fées ; le roi Sanaubar la tient prisonnière, et la traite fort mal. Toutes les nuits, sans y manquer, la reine Gul, revêtue de ses habits royaux, va à l'écurie, monte un des chevaux particuliers du roi, va se promener chez les nègres, ses amis, puis, vers la fin de la nuit, elle revient, remet le cheval à l'écurie et rentre au palais ; à la fin, le roi Sanaubar surprend l'intrigue et châtie la femme infidèle et ses nègres. Gul semble ici représenter l'aurore du soir, que l'on figure souvent, dans le mythe, belle, mais perfide et malfaisante, qui trahit son époux, le soleil, et s'abandonne, comme Médée, à des œuvres diaboliques. L'aurore du matin, au contraire, est une déesse, une fée, une jeune fille secourable, bienfaisante, qui illumine et donne la lumière à tout le monde; telle est aussi la rose, dans le conte hindoustani intitulé la Rose de Bakawali (traduit aussi par feu Garcin de Tassy) : « On fit venir, est-il dit, de grands médecins, aussi habiles qu'Avicenne et comparables même au Messie, lesquels s'accordèrent à déclarer que le seul remède à la cécité du roi, c'était la rose de Bakavali ; la vertu de cette rose était telle, que, non seulement elle pourrait guérir le roi, mais même un aveugle-né. Les fils du roi vont à sa recherche; la belle sirène Lakka (la lune) dit à Taj-ulmuluk : « Sache que la rose dont tu parles se trouve dans la région du soleil, et qu'un oiseau même ne pourrait y parvenir. Bakawali est fille du roi des fées; cette rose se trouve dans son jardin. Dans le jardin, il y avait un bassin, dont les bords étaient enrichis de diamants, et qui était plein d'eau de rose. On avait adapté aux espèces de rigoles qui l'entouraient des tuyaux garnis de perles de la plus belle eau. Au centre du bassin s'élevait une fleur épanouie, extrêmement belle et d'une excellente odeur. Taj-ulmuluk comprit sans peine que c'était la rose de Bakawali . Sans hésiter, il ôte ses vêtements, entre dans le bassin et va cueillir la rose de son désir. Revenu sur le bord, il s'habille de nouveau, et serre la fleur dans sa ceinture. Par le frottement de la rose merveilleuse, les yeux du roi aveugle deviennent « lumineux comme des étoiles », et Bakawali, devenue femme « au corps de rose », sur son passage fait pousser des fleurs.

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